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5 Janvier 2007

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HISTOIRE DU PAYS BASQUE
INTRODUCTION
Marignan: 1515; Prise de la Bastille: 14 juillet 1789; Waterloo: 1815...... autant de dates de batailles, de noms de rois et de dates de règnes que des générations d'élèves ont dû et doivent encore digérer, avec au mieux le souci d'obtenir une bonne note, au pire (et le plus souvent) la sensation de remuer de vieux faits rébarbatifs et poussiéreux. Quel intérêt pouvait trouver un jeune Kanak à étudier l'arbre généalogique des Valois, même si son professeur s'était évertué à lui faire comprendre que ses ancêtres n'étaient pas Calédoniens mais de bien rudes et bien blonds guerriers gaulois?Aujourd'hui encore, que peut bien penser un élève basque du Guipuzcoa lorsqu'on lui vante la grande nation espagnole, lui qui n'a pas connu son grand-père, mort alors qu'il combattait les troupes de Franco lors du siège d'lrun? Comment en vouloir à ces jeunes qui ne voient pas en quoi des évènements produits à des centaines de kilomètres de chez eux peuvent bien les concerner, et qui ne comprennent pas pourquoi aucun de leurs ancêtres n'a de place dans les livres scolaires. Les Kanaks, les Basques, les Creeks, n'ont-ils donc pas d'Histoire? N'en auront-ils que s'ils parviennent, comme les Irlandais, à se doter d'un Etat et par conséquent du droit à une "Histoire officielle"?
D'histoires oubliées à des histoires parallèles
Depuis quelques décennies, des historiens ou improvisés tels ont commencé à étudier ces "Histoires oubliées"; longtemps taxés de séparatisme, de récupération idéologique, ils n'en sont pas moins parvenus à diffuser l'idée que les peuples que l'on présente comme minoritaires possédaient leur propre histoire, et ont commencé à débroussailler ces champs volontairement laissés en friche par la Grande Histoire. D'Histoires oubliées, nous sommes passés à des Histoires parallèles, tolérées de fait grâce à la compétence de leurs promoteurs, mais très longtemps étouffées car considérées dangereuses pour les histoires étatiques. Cela explique que l'enseignement de ces histoires ne soit possible que par la volonté de certains professeurs avec toutes les limites liées aux exigences des programmes officiels.
Se pencher sur l'histoire d'un peuple dit minoritaire (en l'occurrence ici du peuple basque) est donc souvent un acte personnel, qui revêt selon chacun une importance particulière. Pour toute personne qui s'intéresse à l'actualité notamment politique, le recours à l'histoire est fondamental: comment comprendre les débats entourant le Statut d'autonomie de la Communauté Autonome Basque sans savoir que durant des siècles les Basques ont vécu selon des institutions populaires qui leur étaient propres, et qu'ils sont toujours parvenus à imposer, à leurs rois comme aux pouvoirs extérieurs? Comment comprendre le poids économique des coopératives au Pays basque en ne sachant rien des modes d'organisation sociale communautaires qui structurent la société basque depuis des millénaires? Pour un militant quelconque, qui est censé (s'il ne veut pas se sentir manipulé) savoir sur quels éléments s'appuie son engagement, il est indispensable qu'il possède parfaitement l'histoire de l'idée ou du projet politique qu'il défend. On n'imagine pas un partisan du département Pays basque ignorant tout du cheminement de cette revendication depuis 1790 et des divers arguments qui l'ont fondée...
De même il serait désolant qu'un jeune s'affirmant Basque ne puisse pas raconter, ne serait-ce que brièvement, à un candide ou à un touriste curieux, l'histoire de son pays. A l'inverse, on rencontre trop souvent de ces personnes qui fustigent tout sentiment identitaire en se fondant sur des arguments pseudo-historiques datant d'un demi siècle au moins: la Nation française, Une et Indivisible depuis Clovis voire Vercingétorix, ne connaît aucune culture minoritaire; l'euskara n'est d'ailleurs qu'un patois qu devrait disparaître pour mieux protéger une langue française menacée par la culture anglo-saxonne.
Mais enfin, loin de ce genre de discours, il existe au contraire un phénomène d'attraction de l'identité basque, matérialisé par ces croix basques fleurissant au cou de plus en plus de jeunes adolescents, et souvent véhiculé par la vogue du "rock basque". Phénomène de mode ou preuve d'un "retour identitaire"? En tous les cas, une meilleure connaissance du pays, dans toutes ses dimensions, permettrait à ces jeunes de mieux cerner la place qu'ils ont ou qu'ils aimeraient avoir au sein de la société.
Mais pour diffuser l'histoire, encore faut il définir quelle histoire... Peut-on se satisfaire d'une histoire du genre de L'histoire de l'Aquitaine de Ch. Higounet, qui entend relater jusqu'à nos jours l'histoire du grand sud-ouest, mais qui ne mentionne pas une seule fois l'existence d'un peuple basque? Encore faut-il ne pas tomber dans l'excès inverse et récupérer le passé pour des intérêts politiques actuels; on ne peut pas sérieusement accorder de crédit à une histoire qui fait des combattants de Roncevaux ou de Matalas les premiers résistants abertzale. S'il est évident que l'objectivité est une gageure, une histoire sereine et impartiale est indispensable si l'on veut lui éviter les reproches que nous faisons (et que les historiens français font également) à celle de l'Ecole républicaine d'il y a encore 30 ans. Mais l'histoire, au Pays basque comme ailleurs, doit aussi veiller à assumer son passé. Point de société idéale ou supérieure à une autre; le peuple basque a généré autant de grands hommes, autant de criminels, et autant d'exclus qu'ailleurs. Mais ces grands hommes ne sont peut-être pas ceux auxquels on pense d'ordinaire. S'il y a eu des rois basques, ne cherchons pas à taire de l'un d'entre eux notre Roi Soleil. "Un futur démocratique suppose un passé qui ne soit pas la seule mémoire des puissants" dit Lutz Niethammer.
L'histoire du Pays basque est davantage celle des bergers, marins, et artisans, que celle des monarques et des batailles. Au fil des siècles les rois sont passés mais la civilisation basque, ainsi que sa langue, y ont survécu.
... et formatrice
Tout ceci étant dit, il est cependant nécessaire de préciser qu'il y a mille et une façons d'appréhender l'histoire. Mais le plus important est de rechercher celle qui nous permet de mieux connaître notre passé et de mieux comprendre le présent. Un peuple sans histoire, ou qui ignore son histoire, est comme une voiture sans rétroviseur. Mais surtout, des hommes qui ignorent l'histoire s'exposent au risque de la voir se répéter. Histoire à propager mais aussi à méditer, de manière à ce que 50 ans après le Génocide, on ne soit plus obligés d'entendre de nouveau parler de purification ethnique en Bosnie. Histoire de l'être humain à mieux diffuser de manière à ce que plus personne ne puisse plus être dupe face à un homme politique soutenu par 15% d'électeurs Français, qui affirme croire en l'inégalité des races. Histoire de l'Homme qui soit plus ouverte de sorte que chaque peuple ne se sente plus au centre de l'Univers. Comment permettre à un jeune Européen de s'ouvrir au monde, alors qu'il n'a toujours vu que des planisphères centrés sur l'Europe? Sait-il comment un petit Chinois perçoit le monde?
L'histoire, ce mode d'emploi...
Quand arrêtera-t-on de parler de la découverte de l'Amérique, de l'exploration de l'Afrique, d"'élargissement du monde connu"? A-t-on jamais pensé à demander à un Yanomani ou à un Pygmée, dont les ancêtres ont toujours vécu sur ces continents, s'ils ont l'impression d'avoir été découverts? Quand on comprendra que l'on n'est ni les seuls, ni les premiers dans le monde, on évitera peut-être ce genre d'ethnocentrisme si dangereux pour les rapports humains. Mais l'histoire sert également à être relativisée: il est important de prendre conscience que les milieux naturels ont précédé l'Homme depuis des millions d'années, et lui permettent de vivre. L'Homme, plus belle créature de la nature, est également celle qui risque de la détruire. L'histoire seule permet de montrer la relativité de la place de l'Homme dans le monde.
Uhistoire est donc cette mémoire, ce mode d'emploi qui nous permet de savoir qui l'on est, d'expliquer le présent et de comprendre quelles avancées et quelles erreurs nous devons méditer. Elle est aussi la mémoire d'un peuple, dont il ne doit pas se servir mais à laquelle il doit se référer pour construire son avenir. Connaître son histoire est donc fondamental pour être maître de son passé et de son avenir, et enfin pour se rendre compte que l'histoire que les générations suivantes étudieront, c'est nous qui la faisons aujourd'hui.
UNE CERTAINE VISION DES INDIGÈNES
Au cours de l'Histoire, on a dit sur les Basques:
Dans le Guide du Pèlerin de St Jacques de Compostelle de 1139, Aymery Picaud décrit: "Puis près des ports de Cize on trouve le Pays des Basques qui possède une ville, Bayonne, sur le rivage, vers le septentrion. Cette terre, à la langue barbare, est boisée, montueuse, dénuée de pain et de vin et de tous aliments corporels, mais, en revanche, on y trouve des pommes, du cidre et du lait ... Ils sont féroces et la terre où ils habitent est aussi féroce, sylvestre et barbare; la férocité de leur visage et de même la barbarie de leur langue, épouvantent les coeurs de ceux qui les voient...(...) Ils s'habillent vraiment mal et mangent et boivent mal. En effet, toute la famille d'un Navarrais, tant serviteur que maître, tant servante que maîtresse, a l'habitude de manger toits les aliments mélangés en une seule marmite, non avec des cuillères, mais avec les mains, et de boire à un même vase. Si tu les voyais manger, tu croirais voir manger des chiens ou des porcs. Si tu les entendais parler; tu te souviendrais de chiens aboyants. En effet, ils ont une langue tout à fait barbare; (...) Ce peuple est une peuple barbare, différent de tous par ses coutumes et son essence, dénué de tonte malice, de teint noir; laid à voir, dépravé, pervers, perfide, dénué de bonite foi et corrompu, libidineux, ivrogne, savant en toutes violences, féroce et sauvage, mal honnête et réprouvé, impie et dur, cruel et querelleur, ignorant de tout ce qui est bon, savant en tous vices et iniquités, semblable en malice aux Gètes et aux Sarrasins, ennemi en tout de nos gens cde France. Pour une son seulement, le Basque ou le Navarrais tue, s'il le peut, un Français. Dans certaines régions, soit en Biscaye et en Alava, quand les Navarrais se réchauffent, l'homme montre à la femme, et la femme à l'homme, leurs parties honteuses. Les Navarrais usent même de la fornication incestueuse avec leurs bestiaux; on dit en effet que le Navarrais suspend au postérieur de sa mule et de sa jument un cadenas, afin que nul autre n'y parvienne. La vulve de la femme et de la mule offre des baisers libidineux".
Pierre de Lancre, cardinal en 1609, scandalisé par la coutume qu'ont les Basques de porter le nom de leur maison écrit: "les villageois et villageoises les plus gueux se font appeler sieurs et dames de telle maison, qui sont les maisons que chacun d'eux a en son village quand ce ne serait qu'un parc à pourceaux... Si bien qu'ils laissent ordinairement leur cognons et le nom de leurs familles, et même les femmes les noms de leurs maris, pour prendre celui de leurs maisons, pour chétives qu'elles soient et, peut-on dire, si la mutation et changement de nom est en certain cas une espèce de crime, que pour le moins c'est ici une espèce d'inconstance et légèreté et qu'en cela ils s'accommodent aucunement à l'humeur du Diable... ils ensevelissent leur nom et la mémoire de leur famille dans la ruine d'une méchante maison de village". A propos des femmes basques, de Lancre ajoute: "elles ne mangent que des pommes, ne boivent que jus de pommes, qui est une occasion qu'elles mordent si volontiers à cette pomme de transgression qui fit outrepasser les commandements de Dieu à notre premier père. Ce sont des Eve qui séduisent les enfants d'Adam; et, nues par la tête, vivant parmi les montagnes, en toute liberté, comme faisait Eve dans le paradis terrestre, elles écoutent et hommes et démons, et prêtant l'oreille à tous les serpents qui les veulent séduire".
En 1802, le sous-préfet approuvait la création du collège de Mauléon pour "tirer de l'ignorance un peuple qui, n'ayant qu'un idiome particulier, ne (pouvait) guère établir de relations avec le reste de la Nation" et selon lui, ce collège était "un grand moyen de franciser les basques, trop en arrière pour les usages, les moeurs, la civilisation, et surtout la langue".
Un certain Marlère, instituteur à Hasparren, écrivit à ses supérieurs une lettre pittoresque en 1836: "les enfants de Hasparren étaient laissés comme de vrais hilotes entres les mains des propagateurs de l'idiome cantabrique et tous marqués au coin de l'inertie et de l'idiotisme", dans le même factum, il attribuait à l'euskara, faute d'écoles "françaises", l'augmentation de la criminalité, de la contrebande, de l'émigration, et de la désertion!
Au 19ème siècle, le Comité d'Instruction Primaire de Saint Palais interdisait l'emploi des livres en basque d'une part, et d'autre part, dans le deuxième paragraphe de l'article 13 du règlement qu'il avait établi, il ajoutait: "l'instituteur habituera ses élèves à avoir un extérieur décent et honnête, il est défendu aux élèves de proférer aucune parole grossière, comme aussi de parler basque. Ils doivent parler français même en récréation". Ceci rappelle l'inscription affichée dans les écoles bretonnes: "il est interdit de cracher à terre et de parler breton". Ces comités étaient composés de notables locaux, donc Basques...
Heureusement, ce siècle-ci la représentation des Basques s'est améliorée
Elle a pris soin en particulier d'éviter tout excès de folklorisation; ainsi, selon le Père Donostia, (Donostia 1886, Lekaraz-Baztan 1956) musicologue: "le Basque chante, et il chante toujours et partout: à la maison, à l''église, dans la rue, à la campagne. Joyeux ou triste, il chante quand même, aussi bien lorsque courbé il fauche les fougères qui tombent régulièrement peignées, que lorsque dans le pressoir il fait jaillir le cidre des pommes foulées".
Dans la même lignée, voici ce que nous avons pu entendre dans l'émission "Les grosses têtes" en mai 1998:
A la question "Quelle différence y a-t-il entre les Basques français et les Basques espagnols ?" , la réponse attendue était que "les Basques français portent des bérets rouges et les Basques espagnols des bérets noirs".
Dans un article intitulé "Basques: guerre à l'Europe" paru dans "le Nouvel Observateur", du 20 au 26 juillet 1984, François Caviglioli explique au sujet d'un "jeune homme" d'Hernani: "il a mis 1500 heures pour apprendre le basque, une arme plus redoutable que la kalachnikov ou le cocktail Molotov". Il ajoute plus loin que: "chaque fois qu'on arrête ou qu'on libère un militant de l'ETA militaire, les habitants d'Hernani égorgent un mouton et se barbouillent le visage le sang pour effrayer les gardes civils". (...) Par ailleurs, "il suffit d'un sentiment d'injustice pour rapprocher le joueur de pelote, aux gestes lents et à l'hospitalité généreuse, d'un terroriste maniaque aux yeux fixes. Sous son béret qui le protège des regards et de la réverbération des frontons, l'homme basque a 2 profils". (...) Enfin, selon lui, "la liberté pour un Basque, c'est le droit de troubler la tranquillité de l'Europe et de porter un béret".
A propos des Basques, Charb nous confie dans un Charlie Hebdo de juillet 1996: "Qu'est-ce qui les unit? Des idées? Non, d'abord le hasard. Le hasard d'être nés dans le même village, dans la même montagne. Et puis une langue aussi, une langue que personne ne parle parce qu'il n'y a rien à dire en basque à part "touche pas à mon tas de cailloux, c'est chez moi" !
A l'occasion des élections régionales en 1994, le même Charb déclare au sujet de la liste "Régions et peuples solidaires": "voter pour des gens qui croient que la terre est plate et s'arrêtent aux barbelés du champ du voisin, voter pour des gens qui pensent que leur langue composée de trois mots et d'un verbe est la plus belle du monde, non. Voter pour des polyphonistes qui prennent leur paella pour un programme politique, voter pour les Serbes, Croates et Bosniaques de demain, non et non."
"Parce que toi, monsieur Dupont, si ça se trouve, ta grand-mère s'appelait Wieslowski ou Ramirez, et, malgré tout, tu votes, ton marchand de journaux t'appelle monsieur, et les flics te voussoient. Tu ne crains rien. Toit droit est sacré. Autrefois, tu restais un métèque pour les siècles des siècles. Comme lorsque tu habites la Corse, où, quoi que tu fasses, Si tu t'appelles Wieslowski, tu ne seras jamais Corse. Or la défense des particularités locales, tant qu'elles concernent un jambon ou des rillettes ou le nougat (le jambon corse est meilleur que celui d'Issy-les-Moulineaux, etc...) n'est pas gênante. En revanche, toute défense des particularités locales touchant à l'habitant, à l'homme, au citoyen signe le retour des lois de la jungle, c'est-à-dire du droit du sang. Toute revendication de modification du droit sur des critères d'appartenance ethnique ou régionale est forcément régressive", voici un aperçu de ce que l'on peut trouver dans l'article "Du sang sur le droit du sol" de Philippe Val parti dans le Chadie Hebdo du 21 août, en l'an de grâce 1996. Bien qu'il s'agisse d'un paragraphe concernant la Corse, nous l'avons quand même choisi car il il arrive que ces paroles soient aussi entendues, ici au Pays Basque.
Dans le même hebdo, Riss signale qu'"On dit souvent que le Basque est voleur. C'est vrai. Dans la seule phrase en dessous, on trouve six mots piqués au vocabulaire français: "Gazteon eta orohar euskal gizartearen problematika osoa piramide batean kokatuz gero, piramidearen azken muturrean Euskal Herriak pairatzen duen zapalkuntza sozial, ekonomiko, kultural eta politikoa agertzen da". De là à ce que Riss révolutionne la linguistique en nous apprenant que les mots grecs "problema", "puramidos", "oikonomia", "politikos" et les mots latins "socialis" et "cultus" sont issus du français...
Alors que depuis des millénaires les Basques se définissent sur un critère strictement linguistique, certains veulent encore les enfermer dans tel ou tel cadre national, comme nous le montrent ces exemples.
Dans "Mon béret est basque et j'ai lu tous les livres", du Charlie Hebdo du 3 septembre 1997, Cavanna nous affirme:
"Personne ne conteste aux Basques, pas plus qu'aux Bretons, aux Alsaciens, aux Corses, le droît de cultiver leurs coutumes et de parler leur langue ancestrale. Mais, avant d'être basques, bretons ou "franciliens", ils sont français.
En écho à cet article, nous rapportons ici, une conversation entre deux administrés de la sous-préfecture de Bayonne:
- Les Basques sont Français, Monsieur!
- Sans blague ! Alors les habitants de Bilbao, Pampelune ou Saint-Sébastien sont nos compatriotes!
- Mais non, Monsieur ces Basques sont Espagnols.
- Comment ? Vous venez de m'affirmer que les Basques étaient Français et voilà que vous vous contredites en m'apprenant qu'ils sont Espagnols. Les Espagnols ne sont pourtant pas Français.
- Non, Monsieur les Espagnols sont Espagnols.
- Et les Français sont Français, Monsieur
- Mais si les Espagnols sont Espagnols et les Français, Français, pourquoi les Basques ne sont-ils pas Basques
?"
AVERTISSEMENT
Les textes principaux de cette plaquette, consacrés à l'histoire du Pays basque, sont accompagnés de deux chronologies. La première a pour but de situer les évènements dans l'histoire mondiale, celle que tout le monde connaît car c'est celle qui est enseignée à l'Ecole. La seconde est également une chronologie mondiale, mais qui s'attache à présenter les faits oubliés de la "Grande histoire", ceux que peu de gens connaissent car ils concernent des peuples sans Etat, ou des évènements trop éloignés des grands conflits ou des grands règnes pour être jugés intéressants.
LEXIQUE
Ce lexique est volontairement très succinct. Il a pour but de proposer au lecteur les quelques termes basques essentiels avant de se lancer dans la lecture de cet ouvrage. En effet, pour initier celui-ci au vocabulaire usuel au Pays basque, même lorsque l'on parle en français, et pour éviter les répétitions et lourdeurs de style, nous avons pris le parti d'utiliser régulièrement ces termes basques dans le texte en français.
EUSKAL HERRIA: Pays basque, mais aussi peuple basque.
EUSKADI: Pays basque, dans une acception politique; mot créé par S. Arana-Goiri
EUSKARA: langue basque.
EUSKALDUNA: Basque, littéralement défini par "celui qui possède la langue basque"
KEGOALDE: littéralement "côté sud" du Pays basque, sous tutelle espagnole, constitué de 4 provinces (Guipuzkoa, Biscaye. Alava, et Navarre)
IKASTOLA: école en lanaue basque.
IKURRINA: drapeau basque.
IPARRALDE: littéralement "côté nord" du Pays basque, sous tutelle française, constitué de 3 provinces (Labourd, BasseNavarre, et Soule).
L'HISTOIRE DU PAYS BASQUE
PRÉHISTOIRE ET PROTOHISTOIRE
Les premières traces
La présence humaine est attestée dans l'actuel Pays basque dès l'époque moustérienne qui correspond à 100000 ans avant JC. Des outils datant de cette époque ont été retrouvés dans l'abri d'Olha près de Cambo-les-bains et dans le massif d'Urbasa en Alava.
Les grottes d'Otxozelaia entre Isturiti et St Martin d'Arberoue (Basse-Navarre) contiennent des outils et des peintures que les spécialistes situent entre les périodes de l'aurignacien et du magdalénien (-35000 à -9000).
Entre 1928 et 1936, le père J.M. BARANDIARAN examine six crânes qui ont été découverts dans l'abri d'Iziar à Deba. Ces crânes datant de 15000 ans avant JC permettent d'établir l'existence d'une population magdalénienne (population qui vécut dans une période allant de -14000 à -10000) correspondant au type de l'homme basque actuel.
Ces découvertes archéologiques, accompagnées par d'autres recherches permettent de penser que des populations habitent depuis très longtemps dans ce qui va devenir le Pays basque.
Le Néolithique
Cette période comprend ce que certains historiens appèlent la première Révolution; en effet, la préhistoire voit à partir du 80 millénaire avant JC l'amorce d'une phase de développement technique des sociétés humaines que l'on nomme "néolithique". Parti de différents foyers sur la planète, le mouvement néolithique atteint le continent européen vers le cinquième millénaire par deux voies importantes: la Méditerranée et la zone du Danube. Vers 4000 ans avant JC, les premiers pasteurs font leur apparition en Euskal Herri; vers -2500, ceux-ci font la conquête de pâturages en altitude. Les ovins et les caprins furent probablement les premiers animaux apprivoisés au Pays basque; ils ne semblent pas être issus d'animaux sauvages indigènes ce qui implique qu'il y aurait eu des échanges entre populations. L'usage du cuivre apparaît vers -2500 dans les Pyrénées basques, il est importé du Sud par voie commerciale; son usage est cependant restreint, car la pierre est encore largement utilisée. La découverte d'un moulin daté de 2000 avant JC à Lumentxa en Biscaye atteste de la culture des céréales au Pays basque dès cette époque.
Le dernier millénaire
A partir du début du dernier millénaire (-900,-800), les populations celtiques arrivent dans les Pyrénées. Les Celtes, peu nombreux mais dominateurs s'intègrent pourtant et perdent peu à peu toute personnalité culturelle. A cette époque, les populations bascophones ont depuis longtemps une forte homogénéité culturelle. Les Celtes amènent au Pays basque de nouvelles techniques très vite utilisées par les populations locales; en particulier l'usage du fer qui est une industrie d'origine centre-européenne. Dans le domaine agricole, de nouvelles techniques font leur apparition avec par exemple l'araire ainsi que de nouvelles semences comme la fève. C'est à l'âge du fer qu'apparaissent les tout premiers groupements urbains: Etxauri et Corteta en Navarre, La Hoya en Alava. L'apparition d'éléments destabilisateurs du centre de l'Europe ou même l'insécurité due à des rivalités entre populations de la "Vasconia" (aire regroupant les territoires de civilisation basque, ou plutôt "proto-basque"), provoquent le développement d'habitats défensifs: les gaztelu. C'est à cette époque qu'apparaissent les cromlechs, rites funéraires qui se perpétuent dans l'aire vascoïde jusqu'au XIe siècle après JC! Durant la période de rencontre avec les peuples celtes, l'élevage est l'activité essentielle des populations prolo-basques ou basques qui font transhumer leurs bêtes très haut dans le Nord (jusqu'à la Garonne) et au Sud de l'Ebre.
LES BASQUES FACE AUX EMPIRES
La venue des Romains
A partir du XIe siècle avant JC, les Romains font leur apparition dans la plaine de l'Ebre (vestiges nombreux: Labarka, Lodosa,...). Celle-ci est définitivement conquise en 76 avant JC; le général POMPEE fait agrandir le "village" qui deviendra Pompaelo (Pampelune). Jules CESAR descend au Sud de la Garonne en 56, au moment de l'insurrection gauloise qui a lieu au Nord de ce fleuve. En -27, MESSALA termine la conquête des plaines du Nord des Pyrénées.
A cette époque, le risque de déculturation des Basques est très grand, cela par la disparition de l'euskara. Les Pyrénées deviennent alors le lieu de refuge des populations basques, le "saltus" (zone boisée) pyrénéen est mentionné par l'auteur romain PLINE sous le nom de saltus vasconum ("saltus des vascons"). Très tôt, l'administration romaine perd de son influence, la province de Novempopulanie (province qui réunit les populations basques) est créée dès le 110 siècle. A partir du 1V0 siècle, l'Empire romain subit les premières attaques importantes de la part des peuples venus de l'Est de l'Europe (dits "barbares").